Et c’est donc ce qui reste de la vigueur pourtant sans fard de l'expérience
Ce qui reste, drainé, épuisé par l'oubli et par son langage
Le mirement de quelques mots
Traîtres, infatués
Là pour jeter au visage du
monde
Et la perte comme axiome
Où sont toutes les strates des secousses, des chocs, des appels
Qui se sont tant entrechoquées sur la peau
M'ont tant donné à retordre leur fil
M'ont tant donné à devoir ordonner leur chaos
Quelques mots qui racontent
Une ombre, une misère
La sensation de brûlure d'un pari perdu
Une existence
Ramenée au fatras poli d'une formule
L'affreuse ride au front du passé
Je l’ai perdue, celle qui m’a fait survivre
Arrimée à des barges de sa mémoire mal dessinée
Je ne lui sais pas gré
Elle s'efface dans la mièvrerie des verbiages
L'expérience ne laisse que quelques traces au fond des pupilles
Impénétrables sous la volatilité corruptrice des mots
Octobre 2016