De tous les instants











C'est un acquittement obscène, étalé cuisses ouvertes sur des décennies
Une dette obscure dont personne n'avait dit mot
J'accepte lèvres serrées le pouvoir du secret
Son aisance atavique à effacer de la surface toute virtuosité
Laissant la chair atone
Là est le coût
Là est le cumul obéré
Là est l'idée mal dessinée
L'aveu arraché par le pal
Le constat d'une douleur sans rémission
Sans temps de pause où compter les étoiles
Ici
C'est toujours le jour
Un chagrin opiacé, massif
Surgissant à gorge déployée du plus profond de son ignorance
Un chagrin sans issue, sans parade autre
Que l'attente après le jour, du jour après le jour
Ici
C'est le jour toujours
Je n'en crois plus mes yeux d'avoir tant à pleurer
Mes pupilles forment des kystes qui ne savent plus voir
Ni le passé qui lierait ses courroies à ma chute
 Ni maintenant, ni plus tard qui contiendraient l'hémorragie sournoise
Le forage a pénétré des sédiments enfouis jusqu'au craquage thermique
Et le gisement semble sans limite
J'exsude, je verse, je coule, je perds, je rejette, je sécrète
Mes paupières se décomposent dans la pyrolyse d'une mémoire sans âge
Un chagrin sans borne dans un temps sans fin
Une agonie humide de tous les instants
Sans espoir, pas besoin de s'abriter
La pluie sans discontinuer ne tombe qu'à l'intérieur








Mai 2015