Célibat noir

 

 

Où est celle qui survolait les égouts d'un battement d'aile
Où est la vasque pleine jusqu’au bord de son envie ?
Où est celle qui reprenait son souffle après chaque noyade
Se baignait dans l'eau de ses errements croyant la purifier
Où est son chant ?
Où est l'ampleur de son attraction pour la brise

Sa marche talons nus sur les rocailles
Trébuchant sur les monceaux de l'argile enduit d'oubli

 Pulvérisé sur tant de lieux désertés
Où est celle qui croyait que demain est le seul jour possible
Que toute la concentration et l’acharnement à vouloir

Éclateraient bien un jour au grand jour des quiétudes ?
Où est celle qui aimait tant aimer
Qui tant aimait aimer qu'elle immolait pour toujours croire aimer

Jusqu'à l'évocation de ses propres savoirs

Arrachés comme des geysers au marais de son ardente dévotion,

Avisant les dernières minutes hâves du sommeil en jets de vapeur

Où est son rire ?
Sous une houle à peine perceptible

Dépecée tout en lenteur par le Gulf Stream des idylles oublieuses
Étouffée quand elle écoutait, écoutait tant les signes

Yeux mi-clos
Dans l'attente d'un autre rythme
Tendue de tant de volonté héroïque

 Amoureuse adoubée, amante illusoire, maîtresse caduque
Elle baisse la nuque et sent le frottement de l'aluminium qui entoure ses soupirs usés
Vieille fille sans hiver
Sans ruban autour des hanches
Où est celle qui s'ouvrait avec l'étonnement méticuleux des nénuphars
Où est-elle ?




Mai 2015