Grand écart






Ami, bavassant unilatéralement, plus ou moins

Vers qui, l'espace d'un éclair d'ingénuité, je tends les mains

Puis à te toucher, presque fatalement électrocutée, les coupe

Les roucoulades assourdissantes me brisent l'appartenance

D'une oreille à l'autre tant de pertes

Je passe plus de temps à ravauder les déchirures dans nos intimités

Qu'à bien entendre de quoi me parle à qui je parle

Quel que soit le poids de notre distance

Il en va de nos quatre épaules à soulever

Je m'aplatis au fond de la relativité de nos relations

Dégonflée par les soupirs de la résignation

Ami

Si étrangers l'un à l'autre de toi à moi

Sous la coupole de l'unicité, parfois l'ombre est si dense

Que je préfère m'asseoir dehors

Ami, se reconnaître inconnaissables en commun

Pour se mettre doucement en forme avant de se connaître

Si jamais

Irréductiblement pensive, à la façon de certaines bêtes

Je m'éloigne, une fois de plus, cède la place

Étonnée d'une telle équité

Dans le partage de la crédulité