Le Beau Corps


 Le beau corps bat son rappel
Toujours premier, imprévisible
Exprimant son jus avec zèle
Ouvrant la marche vers son dépeuplement
Travaillant à sa résolution
Là où l'on avait cru enfin  l'endosser
Les effets rasants de son évanouissement se court-circuitent
Le beau corps s'écrit en une langue déjà morte
Se posséder sans cesse et jusqu'à l'épuisement
Dans sa fuite ventre à terre, l'imagerie en éclipse vacille
Se plaque brutalement un matin
Aux contours du miroir frauduleux où c'était pourtant moi
Aller sans appel
C'est moi un peu et c'est plutôt ailleurs 
Une autre qui suit sans répit
Pour me redessiner
Et les contrats
Et les accords
Les embrassades
Le beau corps bouge et baille
Épris comme à l'habitude de ruines silencieuses
De pertes inouïes, de suppressions
Le beau corps trace avec les dents ses marques
Au creux de son abolition
Sans rien savoir de personne





Mai 2012